Précis de l'histoire de la révolution française. T. 1-3

fo ASSEMBLEE

foi un homme de la cour; voilà quarante-sept familles déshonorées , et auxquelles personne ne voudra s’allier.

La minorité du clergé se tenait encore dans sa chambre où elle prenait quelques délibérations inutiles; la majorité de la noblesse délibérait aussi dans la sienne : mais ces fractions de pouvoirs disparaissaient devantla majesté del’assembléenatiomale ; ce grand flambeau éclipsait tous les autres ; il servait de ralliement à la nation. Tout pressait donc une réunion , devenue indispensable depuis que l'autorité du despotisme avait reculé devant l’immobilité d’une poignée d'hommes libres. Le roi écrivit aux présidens de la noblesse et du clergé pour les inviter à se réunir à l'assemblée des états-généraux, afin de s'y occuper librement de sa déclaration du 23. Le clergé obéit sans examen; mais la noblesse s’indignait d’une proposition qui lui faisait perdre tout le fruit de sa résistance, lors-

ue son président lui lut des fragmens d’une lettre du comte d'Artois. Il faisait entendre qu’il fallait se réunir, parce que la vie du roi était en danger. On le croit ou on feint de le croire; tout cède à ce motif, et les deux ordres se réunissent à la salle commune le 27juin , quatre jours après la séance royale, qui avait défendu cette même réunion.

Au bruitdecettenouvelleles habitans de Versailles, si cruellement agités depuis plusieurs jours, accourent au château de toutes les parties de la ville. Les gardes étonnés se disposaient à fermer les grilles, lorsque les cris de vive le roileur annoncent que c’est la joie qui rassemble tout ce peuple. Les flots des citoyens se succèdent, et la ville entière est entraînée par l'enthousiasme dans les vastes cours du château. On demande le roi et la reine. [lsse présentent au balcon, reçoivent des bénédictions de cette foule immense, qui de là se trans-

orte chez M. Necker, chez M. Montmorin, chez M. d'Orléans, chez M. Bailly. Le soir la ville futilluminée,et la nuit se passa dans des réjouissances.

Cependant la réunion des ordres ne fit qu’aigrir davantage eeux qui avaient résolu de tout renverser plutôt que de voir continuer les états-généraux. Ils sentaient que leur règne allait finir pour faire place à celui de la loi, et que la source des déprédations et des abus allait être tarie. La fureur ct l'extravagance réunies leur firent concevoir le plus barbare projet, celui de dissoudre l’assemblée nationale au prix detout le sang qu’il en pourrait coûter. Paris les embarrassait ; Paris, celte capitale immense qui n’est pas une ville, mais une nation. Depuis huitjoursilétait dans une agitation extrême. Le Palaisroyal était le rendez-vous de ceux des citoyens qu’oceupait vivement la chose publique; ilne désemplissait ni le jour ni la nuit. À chaque heure, à chaque moment on y portait desnou-