Précis de l'histoire de la révolution française. T. 1-3

CONSTITUANTE. 45

et de Paris, et qu’il ouvrait une communication libre entre l'assemblée et lui , tous les cœurs furent soulagés de leur longue oppression, Le roi sortit accompagné de tous les députés, qui le suivirent jusqu’au château, au milieu des acclamations et de la joie universelle. |

L'assemblée nationale nomma une députation pour porter à Paris ces heureuses nouvelles, tandis qu’elle insistait toujours auprès du roi pour l’éloignement de ses nouveaux ministres, ét que Paris, voulant consolider la liberté dont il commencait à jouir, avait choisi pour maire M. Bailly, et pour commandant-général de la garde nationale M. de la Fayette. Ces deux nouvelles dignités ne pouvaient mieux convenir qu'à celui qui avait présidé si gloriensement l’assemblée nationale dans des momens aussi difficiles, et au célèbre ami de Washington. Les députés arrivés à Paris jouirent avec étonnement et avec une émotion continuelle du spectacle le plus beau qui puisse être offert à des hommes june pour la liberté, et qui brûlent de la donner à eur patrie.

Ce Paris naguère le théâtre de scènes sanglantes, et qui, deux jours auparavant, s'attendait au sac et au pillage, était livré aux transports de la plus vive allégresse. Les rues remplies de monde, et les fenêtres de spectateurs sur le passage des députés, les fleurs que l’on jette sur leurs pas, les bénédictions dont on les comble, les doux noms de sauveurs, de pères de la patrie, qui retentissent à leurs oreilles, les mères qui leur présentent leurs enfans, et qui les serrent eux-mêmes dans leurs bras, les applaudissemens tumultueux et répétés, l'enthousiasme passionné de ces hommes déjà libres, l’ivresse et la cordialité de leurs épanchemens, et, au milieu de ces objets si doux, l'appareil terrible de cent mille hommes armés, dont les bouches guerrières répétaient ces cris, ve Le roi! vive la nation ! Ce spectacle consolait les députés de leurs longues sollicitudes ; l’hôtel-de-ville, la cathédrale, furent témoins de nouvelles scènes attendrissantes, etils retournèrent en présenter le tableau à l’assemblée nationale.

Il manquait un bonheur, après tant d’autres; c'était le rappel de M. Necker. Les nouveaux ministres s'étaient retirés d’euxmêmes. Le roi rendit M. Necker aux vœux des citoyens : la nouvelle en fut portée a l’assemblée; et le roi fitannoncer en même temps qu’il se rendrait le lendemain à Paris. L’assemblée nationale y epvoya de nouveau une députation , que cette ville avait déjà demandée pour calmer de nouvelles inquiétudes qui se dissipèrent. À

Nulle ville au monde ne peut offrir un spectacle semblable