À la recherche de la fortune du duc d'Orléans (1793-1794) : lettres inédites du général Montesquiou à Francis d'Ivernois

A LA RECHERCHE DE LA FORTUNE DU DUC D'ORLÉANS 19

dire mon incapacité pour toute affaire d'argent, et vous aurez le tableau des motifs qui combattent dans mon esprit et dans mon cœur le désir ardent que j'aurais de vous être utile en servant le jeune ami que vous me peignez sous des couleurs si intéressantes, et que son âge, ses malheurs, sa chute, son courage, la résignation rare de ses ancêtres et la conduite de son père rendent un objet si digne de l'intérêt de tous les hommes sensibles.

Aussi ne puis-je point résister encore au désir de lui être utile, mais cette utilité se bornant pour ses intérêts mêmes à aller à la recherche des renseignements qui pourront lui être utiles dans huit mois; je vous promets de ne pas le perdre un seul instant de vue, et j’ai déjà l’espérance de pouvoir y associer un homme respectable et à tous égards infiniment mieux placé que moi pour avoir soit à la banque, soit ailleurs, certains renseignements qu’il me serait très difficile d'obtenir.

Si d'un autre côté, M. Ch. désire m'adresser une lettre qui m'invite et m'autorise personnellement à prendre tel ou tel éclaircissement auprès de telles ou telles personnes spécifiquement nommées, vous pouvez compter sur mon zèle à en faire usage, si j'entrevois que cet usage même ne compromette pas les espérances de votre ami, et si je peux préparer et régler par là le cours des démarches qu’il sera appelé à faire dès le lendemain de sa majorité. Mais dans ce cas-là même je désire que cette lettre soitconcue de manière à servir de preuve que je n’ai jamais eu de liaison avec le père de M. C. et que ce ne sont que mes relations avec vous, et mon séjour en Angleterre, qui ont donné lieu à cette letire. Il conviendrait qu'elle renfermât pour chacun des individus un paragraphe exclusivement relatif à lui, qui ne m’appelât point à lui exhiber les autres et que cette lettre fût accompagnée de tous les documents que M. C. pourra rassembler à ce sujet.

Mais permettez-moi, mon cher ami, d'insister de nouveau et sur le secret de cette affaire, et sur l'importance