Observations du comte de Lally-Tolendal sur la lettre écrite par M. le comte de Mirabeau au Comité des recherches, contre M. le comte de Saint-Priest, ministre d'État

10 , Jours de la liberté françoife feroient marquës par une inf: titution qui date de Tibere, chez les Romains, par une inf. truction criminelle, fondée fur l’art d'interpréter un difcours & d’en-découvrir le fens caché ! Reprenons toutes les phrafes de ce difcours que nous fuppofons avoir été tenu; voyons fi le fens naturel n’eit pas le Jens véritable, & sil eft pofhble d’y trouver un

crime , car M. de Mirabeau a prononcé le mot de crime,

& il a même dit uw GRAND crrmE (pag. 10). Le roi ne peut,dans ce moment, vous donner de pain... Aflurément cétoit dire une grande vérité. La preuve que le roi ne pouvoit plus donner de pain, c’eft qu'il men donnoit plus ; ceit qu'il s’étoir épuifé en æecherches, en inquiétudes , en dépenfes, pour en donner tant qu'il avoit pu. Et ce qu'on fait dire ici par M. de Saint-Prieft, le roi la répété lui-même à toutes ces femmes , lorfqu’il a voulu qu’elles fuffent admifes dans fon intérieur. Il Pa répété avec des regrets fi touchants, avec des paroles fi paternelles, qu’il eft inconcevable que tous les cœurs n'aient pas été amollis & tous les bras défarmés. L'hifloire, l’hiftoire fera raifon de tous ces complots abominables , de ces machinations infames , par lefquelles on étoit parvenu à deffécher, dans des ames autrefois fi douces, jufqu’au dernier germe de fenfbilité & d'humanité. Paris wa point voulu de troupes. Si vous en aviez eu pour eftorter vos convois , ils w’auroient pas manqué... M. de Mirabeau tonne en répétant ces paroles. A l'en croire, € le miniftre n’a pas craint d'attribuer tous les maux » du peuple au renvoi des troupes , À cet a@e folemnel » du courage & de la fagefle de l’afflemblée nationale , .» auquel nous devons notre falut ». Mais ce miniftre s’étoit oppofé conftamment à la venue de ces troupes. Mais les mêmes confeils qui avoient fait venir les troupes , avoient fait éloigner le miniftre. Mais il avoit été, À cette occafon , honoré de marques d’eftime & de regret par l’affemblée nationale, Comment donc croire & qu'il fe foit élevé publiquement contre le renvoi des troupes, & qw’il ait voulu inculper laffemblée nationale pour ce renvoi? N°y at-il donc pas une différence entre une armée, dont la feule approche répand Pinquiétude, & un petit nombre de détachements qui affurent la tranquillité en éfcortant les convois? N’auroit-on pas offert quelques Corps à Paris, dans les derniers temps où plufieurs villes en ont demandés? & Paris encore inquiet ne les auroit-il pas refufés$ Paris